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rappelle sans cesse que ces deux aspects ont chacun leur spécificité et leur valeur. Sacrifier ou oublier l’un aux dépens de l’autre, c’est enlever à la charité chrétienne toute sa valeur. « Spirituellement et corporellement », la formule est employée dans le règlement de la Confrérie de la Charité de Châtillon. Elle est reprise dans les règles des Filles de la Charité que saint Vincent fondera, en 1633, en union avec sainte Louise de Marillac.
Pour saint Vincent, le service des pauvres, au-delà des problèmes matériels que cela exige, est d’abord une démarche spirituelle. Selon lui, le chrétien doit continuer dans notre monde les actions de Jésus en vivant de son Esprit. Son regard se fixe surtout sur le principal état du Christ de l’Evangile fait de renoncement, de dénuement et de pauvreté. Le pauvre a une place particulière dans l’Église car le Christ a voulu s’identifier à lui à travers sa propre vie. « Je ne dois pas, dit saint Vincent, considérer un pauvre paysan ou un pauvre femme selon leur extérieur. Mais tournez la médaille, et vous venez par les lumières de la foi que le Fils dc Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres » (Coste XI, 32).
Il est donc tout à fait logique d’accepter, si cela est nécessaire, de sortir de sa prière pour répondre à une détresse urgente car c’est «quitter Dieu pour Dieu». Le principal n’est pas de savoir qui est mon prochain, comme si l’on pouvait choisir son pauvre. L’important est d’accueillir, comme le Christ lui-même, celui qui se trouve dans le besoin et vit le plus souvent dans l’exclusion. La rencontre du pauvre, icône du Christ, doit se faire dans un esprit de service et avec une attitude de serviteur. « Servant les pauvres, on sert Jésus-Christ » (Coste IX, 252). Cette affirmation n’est pas banale au XVII ème siècle où la domesticité qui formait 10% de la population urbaine semblait aller de soi.
Avant de venir à Châtillon, saint Vincent avait été curé à Clichy, dans la banlieue parisienne. Il avait apprécié cette responsabilité pastorale. Cependant, comme l’ensemble des prêtres de son époque, il gardait l’idée que l’animation